Page:Raynal - Histoire philosophique et politique des établissemens et du commerce des Européens dans les deux Indes, v3.djvu/104

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tion toute la terre, & qu’il donna autant d’éclat à ſa nation, que d’autres ſouverains en reçoivent de leurs peuples.

Ce prince préſente un front toujours menaçant. L’opinion qu’il a donnée de ſes talens ; le ſouvenir ſans ceſſe préſent de ſes actions ; un revenu annuel de 70 000 000 livres ; un tréſor de plus de deux cens ; une armée de cent quatre-vingts mille hommes : tout aſſure ſa tranquilité. Malheureuſement, elle n’eſt pas utile à ſes ſujets comme elle le fut autrefois. Ce monarque continue à laiſſer les Juifs à la tête de ſes monnoies, où ils ont introduit un très-grand déſordre. Il n’a point ſecouru les plus riches négocians de ſes provinces, que ſes opérations avoient ruinés. Il a mis dans ſes mains les manufactures les plus conſidérables de ſon pays. Ses états ſont remplis de monopoles, deſtructeurs de toute induſtrie. Des peuples dont il fut l’idole, ont été livrés à l’avidité d’une foule de brigands étrangers. Cette conduite a inſpiré une défiance ſi univerſelle, ſoit au-dedans, ſoit hors de la Pruſſe, qu’il n’y a point de hardieſſe à aſſurer que les efforts qui ſe font pour reſſuſciter la compagnie d’Embden ſeront inutiles.