Page:Raynal - Histoire philosophique et politique des établissemens et du commerce des Européens dans les deux Indes, v3.djvu/117

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à-fait ſauvages, comme ceux de l’intérieur des terres. Ils avoient des chefs, des loix, des maiſons, quelques arts imparfaits. Pluſieurs connoiſſoient un peu de culture. La propriété des champs qu’ils avoient ſemés leur fut aſſurée ; & le bonheur dont ils jouiſſoient fit déſirer des poſſeſſions à d’autres. Les moines, chargés d’en faire la diſtribution, réſervèrent pour eux les portions les plus étendues, les mieux ſituées, les plus fertiles de ce ſol immenſe ; & le gouvernement leur en fit une ceſſion formelle.

On ſe promettoit beaucoup de ces arrangemens, tout imparfaits qu’ils étoient. Pluſieurs cauſes ſe ſont réunies pour en empêcher le ſuccès.

D’abord, la plupart des miſſionnaires élevés dans l’ignorance & l’oiſiveté des cloîtres, n’ont pas, comme il le falloit, excité au travail les Indiens qu’ils avoient ſous leur direction. On peut même dire qu’ils les en ont détournés, pour les occuper ſans ceſſe de cérémonies, d’aſſemblées, de ſolemnités religieuſes. Un ſyſtême auſſi contraire à tout culte raiſonnable qu’à la ſaine politique, a laiſſé dans le néant les terres diſtribuées aux