paſteurs, les efforts impuiſſans d’une milice dégénérée ne les auroient pas remis dans les fers. Depuis que l’expulſion des miſſionnaires, qui avoient le plus d’empire ſur les eſprits, a privé le gouvernement Eſpagnol de ſa plus grande force, les Indiens moins contenus doivent avoir la volonté de recouvrer leur indépendance, & peut-être aſſez d’énergie pour rentrer dans leurs premiers droits.
À ces dangers, qu’on peut appeler domeſtiques, ſe joignent des périls étrangers plus à craindre encore. Des barbares, ſortis des iſles Malaiſes, fondent habituellement ſur les côtes des Philippines, y portent la deſtruction, & en arrachent des milliers de chrétiens qu’ils réduiſent en ſervitude. Cette piraterie eſt rarement punie ; parce que les Eſpagnols partagés en quatre factions, connues ſous le nom de Caſtillans, de Galiciens, de Montagnards & de Biſcayens, uniquement occupés de la haine qui les tourmente, voient d’un œil indifférent tout ce qui eſt étranger à leurs diviſions. Un ſi mauvais eſprit a toujours de plus en plus enhardi les Malais, Déjà, ils ont chaſſé l’en-