Page:Raynal - Histoire philosophique et politique des établissemens et du commerce des Européens dans les deux Indes, v3.djvu/143

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quefois compensé par les lumières que nous y avons portées, par de ſages inſtitutions que nous y avons établies. Les Indes ont continué à gémir dans leurs ténèbres & ſous leur deſpotiſme, ſans aucun effort de notre part pour les délivrer de ces fléaux terribles. Si les différens gouvernemens avoient eux-mêmes dirigé les démarches de leurs négocians libres, il eſt vraiſemblable que l’amour de la gloire ſe ſeroit joint à la paſſion des richeſſes, & que plus d’un peuple auroit tenté des choſes capables de l’illuſtrer. Des vues ſi nobles & ſi pures ne pouvoient entrer dans l’eſprit d’aucune compagnie de négocians. Reſſerrées dans les bornes étroites d’un gain préſent, elles n’ont jamais pensé au bonheur des nations avec qui elles faiſoient le commerce, & on ne leur a pas fait un crime d’une conduite à laquelle on s’attendoit.

Combien il ſeroit honorable pour l’Eſpagne de ſe montrer ſenſible aux intérêts du genre humain & de s’en occuper ! Elle commence à ſecouer le joug des préjugés qui l’ont tenue dans l’enfance, malgré ſes forces naturelles. Ses ſujets n’ont pas encore l’âme avilie & corrompue par la contagion des richeſſes,