Page:Raynal - Histoire philosophique et politique des établissemens et du commerce des Européens dans les deux Indes, v3.djvu/149

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entretenir cette erreur, la divinité ne ſe montre jamais qu’à un petit nombre de confidens : que lorſqu’elle s’offre aux adorations du peuple, c’eſt toujours dans une eſpèce de tabernacle, dont la clarté douteuſe montre plutôt l’ombre de ce dieu vivant que ſes traits : que quand il meurt, on lui ſubſtitue un autre prêtre de la même taille, & autant qu’il eſt poſſible de la même figure : &, qu’avec le ſecours de ces précautions, l’illuſion ſe perpétue, même dans les lieux ou ſe joue cette comédie ; à plus forte raiſon dans l’eſprit des croyans éloignés de la ſcène.

C’eſt un préjugé qu’un philoſophe lumineux & profond vient de diſſiper. À la vérité, les grands Lamas ſe montrent rarement, afin d’entretenir la vénération qu’ils ſont parvenus à inſpirer pour leur perſonne & pour leurs myſtères : mais ils admettent à leur audience les ambaſſadeurs, ils reçoivent les ſouverains qui viennent les viſiter. S’il eſt difficile de jouir de leur vue, hors des occaſions importantes & des plus grandes ſolemnités, on peut toujours enviſager leurs portraits continuellement ſuſpendus au-deſſus des portes du temple de Putola.