Page:Raynal - Histoire philosophique et politique des établissemens et du commerce des Européens dans les deux Indes, v3.djvu/177

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un nouveau délai. Leur eſt-il refusé ? on les condamne à un intérêt de dix-huit pour cent. Plus la dette s’accroît, plus la volonté ou la poſſibilité d’y ſatiſfaire s’éloignent. L’atrocité même des réglemens imaginés pour empêcher ou pour punir les banqueroutes, eſt favorable aux débiteurs inſolvables ou de mauvaiſe foi. Il eſt rare que la pitié des juges ou la corruption des courtiſans ne les garantiſſent des peines décernées par la loi contre eux. Des protections puiſſantes aſſouviront bien, s’il le faut, les vengeances d’un créancier trompé : mais après ces arrêts, achetés à très-haut prix, il n’en ſera que plus sûrement déchu de l’eſpoir de rien ſauver de ce qui lui étoit dû.

Ces infidélités, ces déprédations n’ont pas empêché que le commerce de l’empire ne fît d’aſſez grands progrès. Ils auroient été plus rapides, plus conſidérables, ſi les avantages phyſiques & naturels n’euſſent été opiniâtrement combattus par des cauſes morales ou politiques ; ſi un miniſtère séduit ou corrompu n’eut arrêté la concurrence, en favoriſant l’Angleterre au préjudice des autres nations. Un meilleur eſprit, dans cette partie inté-