Page:Raynal - Histoire philosophique et politique des établissemens et du commerce des Européens dans les deux Indes, v3.djvu/187

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Pierre I, ne doit pas empêcher de dire qu’il ne lui fut pas donné de voir l’enſemble d’un état bien conſtitué. Il étoit né avec du génie. On lui inſpira l’amour de la gloire. Cette paſſion le rendit actif, patient, appliqué, infatigable, capable de vaincre les difficultés que la nature, l’ignorance, l’habitude, oppoſoient à ſes entrepriſes. Avec ces vertus & les étrangers qu’il appella à lui, il réuſſit à créer une armée, une flotte, un port. Il fît pluſieurs réglemens néceſſaires pour le ſuccès de ſes hardis projets ; mais quoique la renommée lui ait prodigué de toutes parts le ſublime titre de légiſlateur, à peine publia-t-il deux ou trois loix, qui même portoient l’empreinte d’un caractère féroce. On ne le vit pas s’élever juſqu’à combiner la félicité de ſes peuples avec ſa grandeur perſonnelle. Après ſes magnifiques établiſſemens, la nation continua à languir dans la pauvreté, dans la ſervitude & dans l’oppreſſion. Il ne voulut rien relâcher de ſon deſpotiſme ; il l’aggrava peut-être, & laiſſa à ſes ſucceſſeurs cette idée atroce & deſtructive, que les ſujets ne ſont rien & que le ſouverain eſt tout.

Depuis ſa mort, ce mauvais eſprit s’eſt