Page:Raynal - Histoire philosophique et politique des établissemens et du commerce des Européens dans les deux Indes, v3.djvu/193

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Ruſſie, où ils ne trouvèrent que l’eſclavage, la misère, la mort ; & où le peu qui a échappé à ces calamités languit dans l’attente d’une fin prochaine. Le bien qu’on ſe propoſoit a été beaucoup retardé par ce crime de l’humanité, par ce crime de la politique : mais il y faut encore tendre par tous les moyens poſſibles.

Dans ce nouvel ordre de perſonnes & de choſes, où les intérêts du monarque ne ſeront plus que ceux de ſes ſujets, il faudra, pour donner des forces à la Ruſſie, tempérer l’éclat de ſa gloire ; ſacrifier l’influence qu’elle a priſe dans les affaires générales de l’Europe ; réduire Péterſbourg, devenu mal-à-propos une capitale, à n’être qu’un entrepôt de commerce : tranſporter le gouvernement dans l’intérieur de l’empire. C’eſt de ce centre de la domination, qu’un ſouverain ſage, jugeant avec connoiſſance des beſoins & des reſſources, pourra travailler efficacement à lier entre elles les parties trop détachées de ce grand état. De l’anéantiſſement de tous les genres d’eſclavage, il ſortira un tiers état, ſans lequel il n’y eut jamais chez aucun peuple, ni arts, ni mœurs, ni lumières.