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Histoire philosophique
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procurer que par le canal intermédiaire des états maritimes, dont la navigation faiſoit refluer dans tout notre continent la ſurabondance de ces voluptés. La paſſion des Européens pour ce luxe étranger a été ſi vive, que, ni les plus fortes impoſitions, ni les prohibitions, & les peines les plus sévères, n’ont pu l’arrêter. Après avoir lutté vainement contre un penchant qui s’irritoit par les obſtacles, tous les gouvernemens ont été forcés de céder au torrent, quoique des préjugés univerſels, cimentés par le tems & l’habitude leur fiſſent regarder cette complaiſance comme nuiſible à la ſtabilité du bonheur général des nations.

Il étoit tems que cette tyrannie finit. Doutera-t-on que ce ſoit un bien d’ajouter aux jouiſſances propres d’un climat, celles qu’on peut tirer des climats étrangers ? La ſociété univerſelle exiſte pour l’intérêt commun & par l’intérêt réciproque de tous les hommes qui la compoſent. De leur communication il doit réſulter une augmentation de félicité. Le commerce eſt l’exercice de cette précieuſe liberté, à laquelle la nature a appelé tous les hommes, a attaché leur bonheur &