Page:Raynal - Histoire philosophique et politique des établissemens et du commerce des Européens dans les deux Indes, v3.djvu/292

La bibliothèque libre.
Cette page n’a pas encore été corrigée
Histoire philosophique
274

l’armée ennemie, il y paſſe ſans inquiétude, & rejoint enſuite ſes drapeaux, ſans trouver la moindre oppoſition à ſon retour.

L’action n’eſt pas mieux dirigée que ſes préparatifs. La cavalerie qui fait toute la force des armées Indiennes, où l’on a un mépris décidé pour l’infanterie, charge aſſez bien à l’arme blanche, mais ne ſoutient jamais le feu du canon ou de la mouſqueterie. Elle craint de perdre ſes chevaux, la plupart Arabes, Perſans ou Tartares, qui font toute ſa fortune. Ceux qui compoſent ce corps, également reſpecté & bien payé, ont tant d’attachement pour leurs chevaux, qu’ils en portent quelquefois le deuil.

Autant les Indiens redoutent l’artillerie ennemie, autant ils ont confiance en la leur, quoiqu’ils ignorent également, & la manière de la traîner, & celle de s’en ſervir. Leurs canons, qui ont tous des noms pompeux & qui ſont la plupart d’une grandeur giganteſque, ſont plutôt un obſtacle au ſuccès qu’un inſtrument de victoire.

Ceux qui ont l’ambition de ſe diſtinguer, s’enivrent d’opium, auquel ils attribuent la vertu d’échauffer le ſang, & de porter l’âme