Page:Raynal - Histoire philosophique et politique des établissemens et du commerce des Européens dans les deux Indes, v3.djvu/293

La bibliothèque libre.
Cette page n’a pas encore été corrigée
Histoire philosophique
279

aux actions héroïques. Dans cette ivreſſe paſſagère, ils reſſemblent bien plus, par leur habillement & par leur fureur impuiſſante, à des femmes fanatiques, qu’à des hommes déterminés.

Le prince qui commande ces troupes mépriſables, monte toujours ſur un éléphant richement caparaçonné, où il eſt à la fois, & le général & l’étendard de l’armée entière qui a les yeux ſur lui. Prend-il la fuite ? eſt-il tué ? la machine ſe détruit. Tous les corps ſe diſperſent, ou ſe rangent ſous les enſeignes de l’ennemi.

Ce tableau que nous aurions pu étendre, ſans le charger, rend croyables nos ſuccès dans l’Indoſtan. Beaucoup d’Européens même, jugeant de ce qu’on pourroit dans l’intérieur du pays, par ce qui a été opéré ſur les côtes, penſent que la conquête entière de ces contrées, pourroit s’entreprendre ſans témérité. Cette extrême confiance leur eſt venue de ce que dans des poſitions où aucun ennemi ne pouvoit les harceler ſur leurs derrières, ni intercepter les ſecours qui leur arrivoient ; ils ont vaincu des tiſſerands & des marchands timides, des armées ſans courage & ſans dis-