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Histoire philosophique
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Il y en a ſans doute très-peu en Europe ; & parmi ceux qui en auroient la puiſſance, il n’y en a preſque aucun qui en eût la volonté. Conſultez le cœur humain. Ce ſont des gens qui ont des fortunes médiocres qui courent volontiers de grands riſques, pour faire de grands profits. Mais lorſqu’une fois la fortune d’un homme eſt parvenue à un certain degré, il veut jouir, & jouir avec sûreté. Ce n’eſt pas que les richeſſes éteignent la ſoif des richeſſes, au contraire, elles l’allument ſouvent : mais elles fourniſſent en même tems mille moyens de la ſatiſfaire, ſans peine & ſans danger. Ainſi, d’abord ſous ce point de vue, commence à naître la néceſſité de former des aſſociations, où un grand nombre de gens n’héſiteront point de s’intéreſſer, parce que chacun d’eux en particulier ne riſquera qu’une petite partie de ſa fortune, & meſurera l’eſpérance des profits ſur la réunion des moyens que peut employer la ſociété entière. Cette néceſſité deviendra plus ſenſible encore, ſi l’on conſidère de près la manière dont ſe font les achats dans l’Inde & les précautions de détail qu’exige cette opération.