des relations continuelles. Il faudroit donc que chaque particulier fut en état, pendant trois années de ſuite, d’expédier ſucceſſivement un vaiſſeau chaque année, c’eſt-à-dire, de débourſer 4 000 000 de livres. On ſent bien que cela eſt impoſſible, & qu’il n’y a qu’une ſociété qui puiſſe former une pareille entrepriſe.
Mais il s’établira peut-être dans l’Inde des maiſons de commerce, qui feront toutes ces opérations de détail, & qui tiendront des cargaiſons toutes prêtes pour les vaiſſeaux qu’on expédiera d’Europe.
Cet établiſſement de maiſons de commerce à ſix mille lieues de la métropole, avec des fonds immenſes pour faire les avances néceſſaires aux tiſſerands, nous paroît une chimère démentie par la raiſon & par l’expérience. Peut-on croire de bonne-foi que des négocians qui ont une fortune faite en Europe, iront la porter en Aſie, pour y former des magaſins de mouſſelines, dans l’eſpérance de voir arriver des vaiſſeaux qui n’arriveront peut-être pas, ou qui n’arriveront qu’en très-petit nombre & avec des fonds inſuffiſans ? Ne voit-on pas, au contraire,