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Histoire philosophique
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que l’eſprit de retour s’empare de tous les Européens qui ont fait une petite fortune dans ces climats ; & qu’au lieu de chercher à l’accroître par les moyens faciles que leur offrent le commerce particulier de l’Inde & le ſervice des compagnies, ils ſe preſſent d’en venir jouir tranquillement dans leur patrie.

Vous faut-il de nouvelles preuves & de nouveaux exemples ? Voyez ce qui ſe paſſe en Amérique.

Si l’on pouvoit ſuppoſer que le commerce & l’eſpoir des profits qu’il donne, fuſſent capables d’attirer les Européens riches hors de chez eux, ce ſeroit ſans doute pour aller le fixer dans cette partie du monde bien moins éloignée que l’Aſie, & gouvernée par les loix, par les mœurs de l’Europe. Il ſemble qu’il ſeroit tout ſimple de voir des négocians acheter d’avance le ſucre des colons, pour le livrer aux vaiſſeaux d’Europe à l’inſtant de leur arrivée, en recevant d’eux en échange des denrées qu’ils revendroient à ces mêmes colons lorſqu’ils en auroient beſoin. C’eſt cependant tout le contraire qui arrive. Les négocians établis en Amérique