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Histoire philosophique
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arrivant ſe croyoient des ſouverains, & agiſſoient en conséquence.

Cependant les gouvernemens trouvoient fort commode d’avoir en Aſie des eſpèces de colonies, qui, en apparence, ne leur coûtoient rien ; & comme en laiſſant toutes les dépenſes à la charge des compagnies, il étoit juſte de leur aſſurer tous les profits, les privilèges ont été maintenus. Mais ſi au lieu de s’arrêter à cette prétendue économie du moment, on eût porté ſes regards vers l’avenir, & qu’on eût lié tous les événemens que la révolution d’un certain nombre d’années amène naturellement dans ſon cours, on auroit vu que les dépenſes de ſouveraineté, dont il eſt impoſſible de déterminer la meſure, parce qu’elles ſont ſubordonnées à une infinité de circonſtances politiques, abſorberoient plutôt ou plus tard, & les bénéfices & les capitaux du commerce : qu’il faudroit alors que le tréſor public s’épuisât pour venir au ſecours de la compagnie privilégiée, & que ces faveurs tardives, qui n’apporteroient de remède qu’au mal déjà fait, ſans en détruire la cauſe, laiſſeroient à perpétuité les compagnies de commerce dans la médiocrité & dans la langueur,