Page:Raynal - Histoire philosophique et politique des établissemens et du commerce des Européens dans les deux Indes, v3.djvu/361

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politique de renvoyer la vengeance à un autre tems. Un fort, honoré du nom d’Iſabelle, fut conſtruit aux bords de l’Océan, & celui de Saint-Thomas ſur les montagnes de Cibao, où les inſulaires ramaſſoient, dans des torrens, la plus grande partie de l’or qu’ils faiſoient ſervir à leur parure, & où les conquérans ſe propoſoient d’ouvrir des mines.

Pendant qu’on étoit occupé de ces travaux, les vivres apportés d’Europe avoient été conſommés ou s’étoient corrompus. La colonie n’en avoit pas aſſez reçu de nouveaux pour remplir le vuide ; & des ſoldats, des matelots n’avoient eu ni le tems, ni le talent, ni la volonté de créer des ſubſiſtances. Il fallut recourir aux naturels du pays qui ne cultivant que peu étoient hors d’état de nourrir des étrangers qui, quoique les plus ſobres de l’ancien hémiſphère, conſommoient chacun ce qui auroit ſuffi aux beſoins de pluſieurs Indiens. Ces malheureux livroient tout ce qu’ils avoient, & l’on exigeoit davantage. Ces exactions continuelles les firent ſortir de leur caractère naturellement timide ; & tous les caciques, à l’exception de Guacanahari,