Page:Raynal - Histoire philosophique et politique des établissemens et du commerce des Européens dans les deux Indes, v3.djvu/360

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lable de richeſſes qui devoit couler éternellement dans ſon ſein. L’enthouſiaſme gagna juſqu’aux ſouverains. Dans l’audience publique qu’ils donnèrent à Colomb, ils le firent couvrir & s’aſſeoir, comme un grand d’Eſpagne. Il leur raconta ſon voyage. Ils le comblèrent de careſſes, de louanges, d’honneurs ; & bientôt après, il repartit avec dix-ſept vaiſſeaux pour faire de nouvelles découvertes, & fonder des colonies.

À ſon arrivée à Saint-Domingue, avec quinze cens hommes, ſoldats, ouvriers, miſſionnaires ; avec des vivres pour leur ſubſiſtance ; avec les ſemences de toutes les plantes qu’on croyoit pouvoir réuſſir ſous ce climat humide & chaud ; avec les animaux domeſtiques de l’ancien hémiſphère dont le nouveau n’avait pas un ſeul, Colomb ne trouva que des ruines & des cadavres, où il avoit laiſſé des fortifications & des Eſpagnols. Ces brigands avoient provoqué leur ruine par leur orgueil, par leur licence & leur tyrannie. L’amiral n’en douta pas après les éclairciſſemens qu’il ſe fit donner ; & il sut perſuader à ceux qui avoient moins de modération que lui, qu’il étoit de la bonne