Page:Raynal - Histoire philosophique et politique des établissemens et du commerce des Européens dans les deux Indes, v3.djvu/363

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aſſez ſimples pour croire que l’homme & le cheval n’étoient qu’un ſeul & même animal, ou une eſpèce de divinité. Quand une impreſſion de terreur n’auroit pas trahi leur courage, ils n’auroient pu faire encore qu’une foible réſiſtance. Le feu du canon, les piques, une diſcipline inconnue les auroient aisément diſpersés. Ils prirent la fuite de tous côtés. Pour les punir de ce qu’on appelloit leur rébellion, chaque Indien au-deſſus de quatorze ans fut aſſervi à un tribut en or ou en coton, ſelon la contrée qu’il habitoit.

Cet ordre de choſes, qui exigeoit un travail aſſidu, parut le plus grand des maux à un peuple qui n’avoit pas l’habitude de l’occupation. Le déſir de ſe débarraſſer de ſes oppreſſeurs devint ſa paſſion unique. Comme l’eſpoir de les renvoyer au-delà des mers par la force ne lui étoit plus permis, il imagina, en 1496, de les y contraindre par la famine. Dans cette vue, il ne ſema plus de mais, il arracha, les racines de manioc qui étoient plantées, & il ſe réfugia dans les montagnes les plus arides, les plus eſcarpées.

Rarement les réſolutions déſeſpérées ſont-elles heureuſes. Celle que venoient de pren-