Page:Raynal - Histoire philosophique et politique des établissemens et du commerce des Européens dans les deux Indes, v3.djvu/364

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dre les Indiens leur fut infiniment funeſte ; Les dons d’une nature brute & ingrate ne purent les nourrir, comme ils l’avoient inconſidérément eſpéré ; & leur aſyle, quelque difficile qu’en fût l’accès, ne put les ſouſtraire aux pourſuites d’un tyran irrité qui, dans cette privation abſolue de toutes les reſſources locales, reçut, par haſard, quelques ſubſiſtances de ſa métropole. La rage fut portée au point de former des chiens à découvrir, à dévorer ces malheureux. On a même prétendu que quelques Caſtillans avoient fait vœu d’en maſſacrer douze, chaque jour, en l’honneur des douze apôtres. Il eſt reçu qu’avant cet événement, l’iſle comptoit un million d’habitans. Le tiers d’une ſi grande population périt en cette occaſion, par la fatigue, par la faim & par le glaive.

À peine ceux de ces infortunés qui avoient échappé à tant de déſaſtres étoient rentrés dans leurs foyers, où des calamités d’un autre genre leur étoient préparées, que leurs persécuteurs ſe divisèrent. La tranſlation du chef-lieu de la colonie, du Nord au Sud, d’Iſabelle à San-Domingo, put bien ſervir de prétexte à quelques plaintes : mais les dif-