Page:Raynal - Histoire philosophique et politique des établissemens et du commerce des Européens dans les deux Indes, v3.djvu/371

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gateur qui y avoit pénétré. C’étoit le moindre hommage qu’on dût à ſa mémoire : mais, ſoit envie, ſoit inattention, ſoit jeu de la fortune qui diſpoſe auſſi de la renommée, il n’en fut pas ainſi. Cet honneur étoit réſervé au Florentin Améric Veſpuce, quoiqu’il ne fit que ſuivre les traces d’un homme dont le nom doit être placé à côté des plus grands noms. Ainſi le premier inſtant où l’Amérique fut connue du reſte de la terre, fut marqué par une injuſtice, préſage fatal de toutes celles dont ce malheureux pays devoit être le théâtre.

Ses malheurs avoient commencé avec la découverte. Malgré ſon humanité & ſes lumières, Colomb les multiplia lui-même, en attachant des Américains aux champs qu’il diſtribuoit à ſes ſoldats. Ce qu’il s’étoit permis pour ſortir des embarras où le jetoit une inſubordination rarement interrompue, Bovadilla le continua & l’étendit dans la vue de ſe rendre agréable. Ovando, qui le remplaça, rompit tous ces liens, ſelon l’ordre qu’il en avoit reçu. Le repos fut la première jouiſſance des êtres foibles que la violence avoit condamnés à des travaux que leur nour-