Page:Raynal - Histoire philosophique et politique des établissemens et du commerce des Européens dans les deux Indes, v3.djvu/370

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pellent, avec une indignation vraie ou ſimulée, l’agent qui avoit ſi cruellement abusé du pouvoir qu’ils lui avoient commis : mais ils ne renvoient pas à ſon poſte la déplorable victime de ſon incompréhenſible ſcélérateſſe. Plutôt que de languir dans l’oiſiveté, plutôt que de vivre dans l’humiliation, Colomb ſe détermine à faire, comme aventurier, un quatrième voyage dans des régions qu’on pouvoit preſque dire de ſa création. Après ce nouvel effort, que la malice des hommes, que le caprice des élémens ne réuſſirent pas à rendre inutile, il termina, en 1506, à Valladolid une carrière brillante, que la mort récente d’Iſabelle lui avoit ôté toute eſpérance de voir jamais heureuſe. Quoiqu’il n’eût que cinquante-neuf ans, ſes forces phyſiques étoient très affoiblies : mais ſes facultés morales n’avoient rien perdu de leur énergie.

Telle fut la fin de cet homme ſingulier qui avoit étonné l’Europe, en ajoutant une quatrième partie à la terre, ou plutôt une moitié du monde à ce globe ſi long-tems dévaſté & ſi peu connu. La reconnoiſſance publique auroit dû donner, à cet hémiſphère étranger, le nom du premier navi-
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