Page:Raynal - Histoire philosophique et politique des établissemens et du commerce des Européens dans les deux Indes, v3.djvu/393

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portables, entretenoient la parure & la fécondité de la terre. On voyoit dans le même canton, des arbres couverts de fleurs, des arbres chargés de fruits. On ſemoit dans un champ le grain qu’on moiſſonnoit dans l’autre.

Les Eſpagnols ne parurent point ſenſibles à ce nouveau ſpectacle. Tant de beautés ne les touchoient pas. Ils voyoient l’or ſervir d’ornement dans les maiſons & dans les temples, embellir les armes des Mexicains, leurs meubles & leurs perſonnes ; ils ne voyoient que ce métal. Semblables à ce Mammona dont parle Milton, qui dans le ciel oubliant la divinité même, avoit toujours les yeux fixés ſur le parvis qui étoit d’or.

Montezuma, que ſes incertitudes, & peut être la crainte de commettre ſon ancienne gloire, avoient empêché d’attaquer les Eſpagnols à leur arrivée ; de ſe joindre depuis aux Tlaſcaltèques plus hardis que lui ; d’aſſaillir enfin des vainqueurs, fatigués de leurs propres triomphes : Montezuma, dont les mouvemens s’étoient réduits à détourner Cortès du deſſein de venir dans ſa capitale, prit le parti de l’y introduire lui-même. Il commandoit à trente princes, dont pluſieurs