Page:Raynal - Histoire philosophique et politique des établissemens et du commerce des Européens dans les deux Indes, v3.djvu/413

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impoſante étoit une place, ordinairement remplie de cent mille hommes, couverte de tentes & de magaſins, où les marchands étaloient toutes les richeſſes des campagnes, tous les ouvrages de l’induſtrie des Mexicains. Des oiſeaux de toute couleur, des coquillages brillans, des fleurs ſans nombre, des émaux, des ouvrages d’orfèvrerie, donnoient à ces marchés un coup-d’œil plus beau & plus éclatant que ne peuvent l’avoir les foires les plus riches de l’Europe.

Cent mille canots alloient ſans ceſſe des rivages à la ville, de la ville aux rivages. Les lacs étoient bordés de cinquante villes, & d’une multitude de bourgs & de hameaux.

Le reſte de l’empire, autant que le permettoient les ſites, préſentoit le même ſpectacle : mais avec la différence qu’on trouve par-tout entre la capitale & les provinces. Ce peuple, qui n’étoit pas d’une antiquité bien reculée, ſans communication avec des nations éclairées, ſans l’uſage du fer, ſans le ſecours de l’écriture, ſans aucun des arts à qui nous devons l’avantage d’en connoitre & d’en exercer d’autres, placé ſous un climat où les facultés de l’homme ne ſont pas éveillées par