Page:Raynal - Histoire philosophique et politique des établissemens et du commerce des Européens dans les deux Indes, v3.djvu/414

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ſes beſoins : ce peuple, nous dit-on, s’étoit élevé à cette hauteur, par ſon ſeul génie.

La fauſſeté de cette deſcription pompeuſe, tracée dans des momens de vanité par un vainqueur naturellement porté à l’exagération, ou trompé par la grande ſupériorité qu’avoit un état régulièrement ordonné ſur les contrées ſauvages, dévaſtées juſqu’alors dans l’autre hémiſphère : cette fauſſeté peut être miſe aisément à la portée de tous les eſprits. Pour y parvenir, il ne ſuffiroit pas d’oppoſer l’état actuel du Mexique à l’état où les conquérans prétendent l’avoir trouvé. Qui ne connoit les déplorables effets d’une tyrannie deſtructive, d’une longue oppreſſion ? Mais qu’on ſe rappelle les ravages que les barbares, ſortis du Nord, exercèrent autrefois dans les Gaules & en Italie. Lorſque ce torrent fut écoulé, ne reſta-t-il pas ſur la terre de grandes maſſes qui atteſtoient, qui atteſtent encore la puiſſance des peuples ſubjugués. La région qui nous occupe, offre-t-elle de ces magnifiques ruines ? Il doit donc paſſer pour démontré que les édifices publics & particuliers, ſi orgueilleuſement décrits, n’étoient que des amas informes de pierres