Page:Raynal - Histoire philosophique et politique des établissemens et du commerce des Européens dans les deux Indes, v3.djvu/425

La bibliothèque libre.
Cette page n’a pas encore été corrigée

naturelle de la marche ordinaire de l’eſprit humain. Il n’étoit guère poſſible qu’un peuple dont la civiliſation n’étoit pas ancienne & qui n’avoit pu recevoir aucune inſtruction de ſes voiſins, eût des connoiſſances un peu étendues. Tout ce qu’on pourroit conclure de ſes inſtitutions religieuſes & politiques, c’eſt qu’il avoit fait quelques pas dans l’aſtronomie. Combien même il lui auroit fallu de ſiècles pour s’éclairer, puiſqu’il étoit privé du ſecours de l’écriture, puiſqu’il étoit encore très-éloigné de ce moyen puiſſant & peut-être unique de lumière, par l’imperfection de ces hiéroglyphes !

C’étoient des tableaux tracés ſur des écorces d’arbre, ſur des peaux de bête fauve, ſur des ſortes de coton, & deſtinés à conſerver le ſouvenir des loix, des dogmes, des révolutions de l’empire. Le nombre, la couleur, l’attitude des figures : tout varioit ſelon les objets qu’il s’agiſſoit d’exprimer. Quoique ces ſignes imparfaits ne duſſent pas avoir ce grand caractère qui exclut tout doute raiſonnable, on peut penſer qu’aidés par des traditions de corps & de famille ; ils donnoient quelque connoiſſance des événemens