Page:Raynal - Histoire philosophique et politique des établissemens et du commerce des Européens dans les deux Indes, v3.djvu/436

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qui venoit de changer l’état de leur ancienne patrie ne les diſpoſa pas à des mœurs plus douces ; & ce qu’ils virent ou qu’ils apprirent du caractère Eſpagnol leur inſpira une haine implacable contre une nation ſi fière & ſi oppreſſive. Cette paſſion, toujours terrible dans des ſauvages, ſe manifeſta par les ravages qu’ils portèrent dans tous les établiſſemens qu’on formoit à leur voiſinage, par les cruautés qu’ils exerçoient ſur ceux qui entreprenoient d’y ouvrir des mines. Inutilement, pour les contenir ou les réprimer, il fut établi des forts & des garniſons ſur la frontière, leur rage ne diſcontinua pas juſqu’en 1592. À cette époque, le capitaine Caldena leur perſuada de mettre fin aux hoſtilités. Dans la vue de rendre durables ces ſentimens pacifiques, le gouvernement leur fit bâtir des habitations, les raſſembla dans pluſieurs bourgades, & envoya au milieu d’eux quatre cens familles Tlaſcaltèques dont l’emploi devoit être de former à quelques arts, à quelques cultures un peuple qui juſqu’alors n’avoit été couvert que de peaux n’avoit vécu que de chaſſe ou des productions ſpontanées de la nature. Ces meſures,