Page:Raynal - Histoire philosophique et politique des établissemens et du commerce des Européens dans les deux Indes, v3.djvu/473

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Dans ces belles contrées où chaque propriété a quinze ou vingt lieues d’étendue, une portion de ce vaſte eſpace eſt employé tous les ans à la culture de l’indigo. Pour l’obtenir, les travaux ſe réduiſent à brûler les arbuſtes qui couvrent les campagnes, à donner aux terres un ſeul labour fait avec négligence. Ces opérations ont lieu dans le mois de mars, ſaiſon où il ne pleut que très-rarement dans ce délicieux climat. Un homme à cheval jette enſuite la graine de cette plante de la même manière qu’on sème le bled en Europe. Perſonne ne s’occupe plus de cette riche production juſqu’à la récolte.

Il arrive de-là que l’indigo lève dans un endroit & qu’il ne lève point dans d’autres ; que celui qui eſt levé eſt ſouvent étouffé par les plantes paraſites dont des ſarclages faits à propos l’auroient débarraſſé. Auſſi les Eſpagnols recueillent-ils moins d’indigo ſur 3 ou 4 lieues de terrein que les nations rivales dans quelques arpens bien travaillés. Auſſi leur indigo, quoique fort ſupérieur à tous les autres n’a-t-il pas toute la perfection dont il feroit ſuſceptible. L’Europe en reçoit annuellement ſix mille quintaux, qu’elle paie 7 626 960 liv.