Page:Raynal - Histoire philosophique et politique des établissemens et du commerce des Européens dans les deux Indes, v3.djvu/486

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nos ports avec un vaiſſeau chargé de richeſſes notoirement acquiſes par des moyens auſſi barbares, ne paſſeroit-il pas de ſon bord dans ſa maiſon, au milieu du bruit général de nos acclamations ? Quelle eſt donc cette ſageſſe dont notre ſiècle s’enorgueillit ſi fort ? Qu’eſt-ce donc que cet or, qui nous ôte l’idée du crime & l’horreur du ſang ? Sans doute qu’un moyen d’échange entre les nations, un ſigne repréſentatif de toutes les ſortes de valeurs, une évaluation commune de tous les travaux, a quelques avantages. Mais ne vaudroit-il pas mieux que les nations fuſſent demeurées sédentaires, iſolées, ignorantes & hoſpitalières, que de s’être empoiſonnées de la plus féroce de toutes les paſſions ?

L’origine des métaux n’a pas été toujours bien connue. On a cru long-tems qu’ils étoient auſſi anciens que le monde. On penſe aujourd’hui, avec plus de raiſon, qu’ils ſe forment ſucceſſivement. Il n’eſt pas poſſible en effet de douter que la nature ne ſoit dans une action continuelle, & que ſes reſſorts ne ſoient auſſi puiſſans ſous nos pieds que ſur notre tête.

Chaque métal, ſuivant les chymiſtes, a pour principe une terre qui le conſtitue, &