Page:Raynal - Histoire philosophique et politique des établissemens et du commerce des Européens dans les deux Indes, v3.djvu/517

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réguliers, un air aisé, quelques grâces, le goût du chant & de la danſe. Eſt-il étonnant qu’avec tant de moyens de plaire, elles aient acquis un empire abſolu & inébranlable ? Ce qui eſt vraiment extraordinaire, c’eſt qu’il y ait eu des contrées, & ſur-tout des contrées ſauvages, ou l’on ait trouvé une différence ſi marquée entre les deux ſexes. L’unanimité des hiſtoriens pourra-t-elle jamais étouffer les doutes que doit faire naître une narration ſi peu vraiſemblable ?

Les témoignages réunis de tant d’écrivains qu’on voudra, ne ſauroient prévaloir contre une loi bien connue, générale & conſtante de la nature. Or, par-tout, excepté aux iſles Marianes, on a trouvé & l’on a dû trouver la femme ſoumiſe à l’homme. Si l’on veut que je me prête à cette exception, il faut l’appuyer d’une autre : c’eſt que dans cette contrée, les femmes l’emportoient ſur les hommes, non-ſeulement en intelligence, mais en force de corps. Si l’on ne m’aſſure pas l’un de ces faits, je nie l’autre ; à moins toutefois que quelque dogme ſuperſtitieux n’ait rendu leurs perſonnes ſacrées. Car il n’y a rien que la ſuperſtition ne dénature, point d’uſage ſi mons-