Page:Raynal - Histoire philosophique et politique des établissemens et du commerce des Européens dans les deux Indes, v3.djvu/518

La bibliothèque libre.
Cette page n’a pas encore été corrigée

trueux qu’elle n’établiſſe, point de forfaits auxquels elle ne détermine, point de ſacrifices qu’elle n’obtienne. Si elle dit à l’homme, Dieu veut que tu te mutiles, il ſe mutilera. Si elle lui dit, Dieu veut que tu aſſaſſines ton fils, il l’aſſaſſinera. Si elle lui a dit, aux iſles Marianes, Dieu veut que tu rampes devant la femme, il rampera devant la femme. La beauté, les talens & l’eſprit, dans toutes les contrées du monde ſauvages ou policées, proſterneront un homme aux pieds d’une femme : mais ces avantages particuliers à quelques femmes n’établiront nulle part la tyrannie générale du ſexe foible ſur le ſexe robuſte. L’homme commande à la femme, même dans les pays où la femme commande à la nation. Le phénomène des iſles Marianes ſeroit dans l’ordre moral ce que l’équilibre de deux poids inégaux, ſuſpendus à des bras égaux de levier, ſeroit dans l’ordre phyſique. Aucune ſorte d’autorité ne doit nous amener à la croyance d’une abſurdité. Mais, dira-t-on, ſi les femmes ont mérité là cette autorité par quelques ſervices importans dont la mémoire s’eſt perdue ? eh bien ! l’homme reconnoiſſant le premier jour aura été ingrat le ſecond.