Page:Raynal - Histoire philosophique et politique des établissemens et du commerce des Européens dans les deux Indes, v3.djvu/531

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peignent ſur les viſages, les larmes coulent à ſa mort, & un long ſilence règne autour de ſa couche. On le dépoſe dans la terre, & l’endroit de ſa sépulture eſt ſacré. On lui rend des honneurs annuels ; & dans les circonſtances importantes ou douteuſes, on va quelquefois interroger ſa cendre. Hélas ! les enfans ſont livrés à tant de diſtractions parmi nous, que les pères en ſont promptement oubliés. Ce n’eſt pas toutefois que je préférâſſe l’état ſauvage à l’état civilisé. C’eſt une proteſtation que j’ai déjà faite plus d’une fois. Mais plus j’y réfléchis, plus il me ſemble que depuis la condition de la nature la plus brute juſqu’à l’état le plus civilisé, tout ſe compenfe à-peu-près, vices & vertus, biens & maux phyſiques. Dans la forêt, ainſi que dans la ſociété, le bonheur d’un individu peut être moins ou plus grand que celui d’un autre individu : mais je ſoupçonne que la nature a posé des limites à celui de toute portion conſidérable de l’eſpèce humaine, au-delà deſquelles il y a à-peu-près autant à perdre qu’à gagner.

Le Mexique n’eut pas été plutôt réduit & pacifié, que Cortes forma le projet d’a-