Page:Raynal - Histoire philosophique et politique des établissemens et du commerce des Européens dans les deux Indes, v3.djvu/79

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lui faire rompre à la fois tant de nœuds, & préférer une autre terre où tout ſera étranger & nouveau pour lui. En Suède, où toute la puiſſance étoit entre les mains des états composés des différens ordres du royaume, même celui des payſans, on devoit plus tenir à ſon pays. Cependant on en ſortoit beaucoup ; & il ne falloit pas s’en étonner.

Les terres en culture étoient autrefois partagées en quatre-vingt mille cinquante-deux hemmans ou fermes, qu’il n’étoit pas permis de morceler. Par une erreur plus groſſière encore, les loix avoient fixé le nombre des perſonnes qui pourroient habiter chacune de ces propriétés. Lorſqu’il étoit complet, un père de famille étoit obligé d’expulſer lui-même de la maiſon ſes enfans puînés, quelque beſoin qu’il pût en avoir pour augmenter la maſſe de ſes productions. On avoit eſpéré d’opérer par ce règlement le défrichement de terreins incultes & la formation de nouveaux hemmans. Il eût fallu prévoir que des hommes ainſi opprimés, n’auroient ni la volonté, ni les moyens de s’occuper d’établiſſemens, & que la plupart iſolent chercher dans des contrées étrangères, une tranquilité dont leur