Page:Raynal - Histoire philosophique et politique des établissemens et du commerce des Européens dans les deux Indes, v3.djvu/90

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par ſon état d’une province d’un royaume dans une autre province, d’un royaume au fond d’un royaume éloigné, devoit toujours être prêt à partir gaiement au premier coup du tambour, au premier ſon de la trompette ; que les travaux de la campagne languiſſoient, lorſqu’ils n’étoient pas ſecondés par une nombreuſe famille ; & qu’il faiſoit par conséquent que le laboureur ſe mariât, tandis que le séjour ſous des tentes, l’habitation des camps, les haſards du métier de la guerre, demandoient un célibataire dont aucune liaiſon douce n’amollît le courage, & qui pût vivre par-tout ſans aucune prédilection locale, & expoſer à tout moment ſa vie ſans regret : que la perfection de la diſcipline militaire ſe perdoit ſans des exercices continuels, tandis que les champs ne laiſſant de repos & ne ſouffrant d’intermiſſion que dans la ſaiſon rigoureuſe qui séparoit les armées & qui endurciſſoit le ſol, les mêmes mains étoient peu propres à manier l’épée & à pouſſer le ſoc de la charrue ; que les deux états ſuppoſoient l’un & l’autre une grande expérience, & qu’en les réuniſſant dans une même perſonne, c’étoit un