Page:Raynal - Histoire philosophique et politique des établissemens et du commerce des Européens dans les deux Indes, v3.djvu/89

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Un autre corps plus diſtingué & regardé par les peuples comme le boulevard de l’empire, c’eſt celui qui eſt connu ſous le nom de troupes nationales. Il eſt de trente-quatre mille deux cens ſoixante-ſix hommes qui ne s’aſſemblent que vingt & un jours chaque année. On ne leur donne point de paie : mais ils ont reçu du gouvernement, ſous le nom de Boſtel, des poſſeſſions qui doivent ſuffire à leur ſubſiſtance. Depuis le ſoldat juſqu’au général, tous ont une habitation, tous ont des champs qu’ils doivent cultiver. Les commodités du logement, l’étendue & la valeur du ſol ſont proportionnés au grade de milice.

Cette inſtitution a reçu des éloges dans l’Europe entière. Ceux qui en ont vu les effets de plus prés, l’ont moins approuvée. Ils ont obſervé que ces terres, qui paſſoient rapidement d’une main dans l’autre, étoient toujours dans le plus grand déſordre : que le caractère agriculteur étoit diamétralement opposé au caractère militaire : que l’homme qui cultivoit la terre s’attachoit à la glèbe par les ſoins qu’il lui donnoit & s’en éloignoit avec déſeſpoir, tandis que le ſoldat conduit