Page:Raynal - Histoire philosophique et politique des établissemens et du commerce des Européens dans les deux Indes, v4.djvu/124

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Cet homme ſi célèbre dans les annales du Nouveau-Monde, avoit accompagné ſon père, à l’époque même de la découverte. La douceur & la ſimplicité des Indiens le frappèrent à tel point, qu’il ſe fit eccléſiaſtique pour travailler à leur converſion. Bientôt ce fut le ſoin qui l’occupa le moins. Comme il étoit plus homme que prêtre, il fut plus révolté des barbaries qu’on exerçoit contre eux, que de leurs folles ſuperſtitions. On le voyoit continuellement voler d’un hémiſphère à l’autre pour conſoler des peuples chers à ſon cœur, & pour adoucir leurs tyrans. L’intilité de ſes efforts lui fit enfin comprendre qu’il n’obtiendroit jamais rien dans les établiſſemens déjà formés ; & il ſe propoſa d’établir une colonie ſur des fondemens nouveaux.

Ses colons devoient être tous cultivateurs, artiſans ou miſſionnaires. Perſonne ne pouvoit ſe mêler parmi eux que de ſon aveu. Un habit particulier, orné d’une croix, empêcheroit qu’on ne les prit pour être de la race de ces Eſpagnols qui s’étoient rendus ſi odieux par leurs barbaries. Avec ces eſpèces de chevaliers, il comptoit réuſſir ſans guerre,