Page:Raynal - Histoire philosophique et politique des établissemens et du commerce des Européens dans les deux Indes, v4.djvu/154

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jamais permis de demander à ſon ſol ; le poiſſon ſec & ſalé qui lui venoit des côtes ; le ſavon fait avec de la graiſſe de chèvre, que lui fourniſſoient Piura & Truxillo ; le fer en nature ou travaillé qu’exigeoient ſa culture & ſes ateliers ; le peu qu’il lui étoit poſſible de conſommer des marchandiſes de notre hémiſphère. Ces reſſources ont bien diminué depuis qu’il s’eſt établi des fabriques du même genre dans les provinces voiſines, ſur-tout depuis que le meilleur marché des toileries & des lainages de l’Europe en a ſingulièrement étendu l’uſage. Auſſi le pays eſt-il tombé dans la plus extrême misère.

Jamais il n’en ſortira par ſes denrées. Ce n’eſt pas que ſes campagnes ne ſoient généralement couvertes de cannes à ſucre, de toutes ſortes de grains, de fruits délicieux, de nombreux troupeaux. Difficilement nommeroit-on un ſol auſſi fertile & dont l’exploitation ne fût pas plus chère : mais rien de ce qu’il fournit ne peut alimenter les marchés étrangers. Il faut que ces richeſſes naturelles ſoient conſommées ſur le même terrein qui les a produites. Le quinquina eſt la ſeule production qui juſqu’ici ait pu être exportée.