Page:Raynal - Histoire philosophique et politique des établissemens et du commerce des Européens dans les deux Indes, v4.djvu/173

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qu’elles attaquent ſont communément mortelles pour quiconque a contracté des maladies vénériennes ou ſe livre aux liqueurs fortes ; & c’eſt malheureuſement l’état ordinaire de ceux qui ſont nés ou que l’avarice a conduits dans ces climats.

Ces calamités n’affligent pas les montagnes inférieures : mais elles ſont remplacées par d’autres fléaux encore plus funeſtes. Les fièvres putrides & intermittentes, inconnues dans les pays dont on vient de parler, y ſont habituelles. On les gagne ſi aisément que les voyageurs craindroient d’approcher des lieux qui en ſont infectés. Elles ſont ſouvent ſi malignes qu’il n’échapperoit pas un ſeul homme à leur venin, ſi les habitans n’abandonnoient leurs bourgades pour y retourner, lorſqu’une nouvelle ſaiſon les a purifiés. Il n’en étoit pas ainſi au tems des incas. Mais depuis que les Eſpagnols ont introduit les cannes à ſucre dans les gorges étroites de ces montagnes où l’air circule difficilement, il s’élève des terres humectées que cette culture exige, des vapeurs infectes qui échauffées par les rayons d’un ſoleil brûlant deviennent mortelles.