Page:Raynal - Histoire philosophique et politique des établissemens et du commerce des Européens dans les deux Indes, v4.djvu/180

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ſe condenſer au point de ſe réſoudre en eaux formelles.

Il faudroit pourtant des pluies, & des pluies journalières, pour communiquer quelque fertilité aux côtes qui s’étendent depuis Tombès juſqu’à Lima, c’eſt-à-dire dans un eſpace de deux cens ſoixante-quatre lieues. Les ſables en ſont ſi généralement arides, qu’on n’y voit pas même une herbe, excepté dans les parties qu’il eſt poſſible d’arroſer, & cette facilité n’eſt pas ordinaire. Il n’y a pas une ſeule ſource dans le bas Pérou ; les rivières n’y ſont pas communes ; & celles qu’on y voit n’ont la plupart de l’eau que ſix ou ſept mois de l’année. Ce ſont des torrens qui ſortent des lacs, plus ou moins grands, formés dans les Cordelières, qui ne parcourent qu’un court eſpace & qui tariſſent durant l’été. Du tems des incas, ces précieuſes eaux étoient recueillies avec ſoin, & par le ſecours de divers canaux, répandues ſur une aſſez grande ſuperficie qu’elles fertiliſoient. Les Eſpagnols ont profité de ces travaux. Leurs bourgades & leurs villes ont remplacé les cabanes des Indiens qui, peut-être par cette raiſon, ſont