ſeroit impoſſible de faire paſſer régulièrement au Pérou des objets ſujets à tant d’accidens & d’un ſi gros volume ; & il fut permis de les y multiplier autant que le climat & les beſoins le comporteraient.
Après avoir pourvu à une ſubſiſtance meilleure & plus variée, les Eſpagnols voulurent avoir un habillement plus commode & plus agréable que celui des Péruviens. C’étoit pourtant le peuple de l’Amérique le mieux vêtu. Il devoit cette ſupériorité à l’avantage qu’il avoit d’avoir des animaux domeſtiques qui lui ſervoient à cet uſage, le lama & le paco.
XXIX. Particularités ſur le lama, le paco, le guanaco & la vigogne.
Le lama eſt un animal haut de quatre pieds & long de cinq ou ſix : mais le cou ſeul occupe la moitié de cette longueur. Il a la tête bien faite, avec de grands yeux, un muſeau alongé & les lèvres épaiſſes. Sa bouche n’a point de dents inciſives à la mâchoire ſupérieure. Il a les pieds fourchus comme le bœuf, mais aidés d’un éperon en arrière qui lui ſert à s’accrocher dans les endroits eſcarpés où il aime à grimper. Une laine courte ſur le dos, mais longue ſur les flancs & ſous le ventre, fait partie de ſon utilité.