Page:Raynal - Histoire philosophique et politique des établissemens et du commerce des Européens dans les deux Indes, v4.djvu/21

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tous les inſtincts mal-faiſans ! & ſes annales ne ſeront que les annales de ſa perverſité ! Ô Dieu ! pourquoi as-tu créé l’homme ? pourquoi l’as-tu créé ? ignorois-tu que pour un inſtant où tu pourrois regarder ton ouvrage avec complaiſance, cent fois tu en détournerois ton regard ? les atrocités que les Eſpagnols devoient commettre dans le Nouveau-Monde auroient-elles échappé à la prévoyance ?

Ici vont ſe développer des ſcènes plus terribles que celles qui nous ont fait ſi ſouvent frémir. Elles ſe répéteront ſans interruption dans les immenſes contrées, qui nous reſtent à parcourir. Jamais, jamais le glaive ne s’émouſſera ; & l’on ne le verra s’arrêter que lorſqu’il ne trouvera plus de victimes à frapper.

II. Extravagances & cruautés qui marquent les premiers pas des Eſpagnols dans l’Amérique méridionale.

Ce ſera encore Colomb qui ouvrira la carrière. Ce grand homme avoit découvert la terre ferme de l’Amérique, mais ſans y deſcendre. Ce ne fut que lorſque l’iſle de Saint-Domingue fut ſolidement établie, qu’il jugea convenable de donner plus d’extenſion à ſes entrepriſes. Il penſoit qu’au-delà de ce continent étoit un autre océan qui devoit aboutir aux Indes orientales, & que les deux mers