Page:Raynal - Histoire philosophique et politique des établissemens et du commerce des Européens dans les deux Indes, v4.djvu/225

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élevé celle du propriétaire de tant de richeſſes, qu’il permettoit à tous les Eſpagnols qui venoient chercher fortune dans cette partie du Nouveau-Monde, de travailler quelques jours à leur profit, ſans peſer & ſans meſurer le don qu’il leur faiſoit. Cette généroſité attira autour de lui une multitude d’aventuriers. Leur avidité leur mit les armes à la main. Ils ſe chargèrent ; & leur bienfaiteur, qui n’avoit rien négligé pour prévenir ou pour étouffer leurs diviſions ſanglantes, fut pendu comme en étant l’auteur. De pareils traits ſeroient capables d’affoiblir dans les âmes le penchant à la bienfaiſance, & mon cœur a répugné à rapporter celui-ci.

Pendant que Salcedo étoit en priſon, l’eau gagna ſa mine. La ſuperſtition fit imaginer que c’étoit en punition de l’attentat commis contre lui. On reſpecta long-tems cette idée de la vengeance céleſte. Mais enfin, en 1740, Diego de Baena & quelques autres hommes entreprenans s’aſſocièrent, pour détourner les ſources qui avoient noyé tant de tréſors. L’ouvrage étoit aſſez avancé en 1754, pour qu’on en retirât déjà quelque utilité. Nous ignorons ce qui eſt arrivé depuis cette époque.