Page:Raynal - Histoire philosophique et politique des établissemens et du commerce des Européens dans les deux Indes, v4.djvu/271

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ne furent pas plutôt revenues de l’étonnement où les armes & la diſcipline de l’Europe les avoient jetées, qu’elles voulurent recouvrer leur indépendance. La guerre dura dix ans ſans interruption. Si quelques cantons, découragés par des pertes réitérées, ſe déterminoient à la ſoumiſſion, un plus grand nombre s’obſtinoit à défendre leur liberté, quoique avec un déſavantage preſque continuel.

Un capitaine Indien, à qui ſon âge & ſes infirmités ne permettoient pas de ſortir de ſa cabane, entendoit toujours parler de ces malheurs. Le chagrin de voir les ſiens conſtamment battus par une poignée d’étrangers, lui donna des forces. Il forma treize compagnies de mille hommes chacune, qu’il mit à la file l’une de l’autre & les mena à l’ennemi. Si la première étoit miſe en déroute, elle devoit, au lieu de ſe replier ſur la ſeconde, aller ſe rallier ſous la protection de la dernière. Cet ordre, qui fut fidèlement ſuivi, déconcerta les Eſpagnols. Ils enfoncèrent ſucceſſivement tous les corps, ſans en tirer aucun avantage conſidérable. Les hommes & les chevaux ayant également beſoin de repos, Valdivia ordonna la retraite vers un défilé