Page:Raynal - Histoire philosophique et politique des établissemens et du commerce des Européens dans les deux Indes, v4.djvu/332

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Parana, étoit chaud, humide, ſans ceſſe couvert de brouillards épais & immobiles. Ces vapeurs y verſoient dans chaque ſaiſon des maladies contagieuſes. Les inclinations des habitans aggravoient ces fléaux. Héritiers de la voracité que leurs pères avoient apportée du fond des forêts, ils ſe nourriſſoient de fruits verds, ils mangeoient les viandes preſque crues, ſans que ni la raiſon, ni l’autorité, ni l’expérience puſſent déraciner ces habitudes invétérées. De cette manière, la maſſe du ſang, altérée par l’air & les alimens, ne pouvoit pas former des familles nombreuſes, ni des générations de quelque durée.

XVI. Examen des reproches faits aux Jéſuites touchant les miſſions.

Pour aſſurer la félicité des Guaranis, en quel nombre qu’ils fuſſent ou qu’ils puſſent être, leurs inſtituteurs avoient originairement réglé avec la cour de Madrid, que ces peuples ne ſeroient jamais employés aux travaux des mines, ni aſſervis à aucune corvée. Bientôt cette première ſtipulation leur parut inſuffiſante au repos des nouvelles républiques. Ils firent décider que tous les Eſpagnols en ſeroient exclus, ſous quelque dénomination qu’ils ſe prétentâſſent. On prévoyoit que s’ils y étoient admis comme