Page:Raynal - Histoire philosophique et politique des établissemens et du commerce des Européens dans les deux Indes, v4.djvu/333

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négocians ou même comme voyageurs, ils rempliroient de troubles ces lieux paisibles, & y porteroient le germe de toutes les corruptions. Ces mesures blessèrent d’autant plus profondément des conquérans avides & destructeurs, qu’elles avoient l’approbation des sages. Leur ressentiment éclata par des imputations qui avoient un fondement apparent & peut-être réel.

Les missionnaires faisoient le commerce pour la nation. Ils envoyoient à Buenos-Aires de la cire, du tabac, des cuirs, des cotons en nature & filés, principalement l’herbe du Paraguay. On recevoit en échange des vases & des ornemens pour les temples ; du fer, des armes, des quincailleries ; quelques marchandises d’Europe que la colonie ne fabriquoit pas ; des métaux destinés au paiement du tribut que devoient les Indiens mâles depuis vingt jusqu’à cinquante ans. Autant qu’il est possible d’en juger à travers les épais nuages qui ont continuellement enveloppé ces objets, les besoins de l’état n’absorboient pas le produit entier de ses ventes. Ce qui restoit étoit détourné au profit des Jésuites. Aussi furent-ils traduits au tribunal des quatre