Page:Raynal - Histoire philosophique et politique des établissemens et du commerce des Européens dans les deux Indes, v4.djvu/334

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parties du monde comme une ſociété de marchands qui, ſous le voile de la religion, n’étoient occupés que d’un intérêt ſordide.

Ce reproche ne pouvoit pas tomber ſur les premiers fondateurs du Paraguay. Les déſerts qu’ils parcouroient ne produiſoient ni or, ni denrées. Ils n’y trouvèrent que des forêts, des ſerpens, des marais ; quelquefois la mort ou des tourmens horribles, & toujours des fatigues exceſſives. Ce qu’il leur en coûtoit de ſoins, de travaux, de patience pour faire paſſer les ſauvages d’une vie errante à l’état ſocial, ne ſe peut comprendre. Jamais ils ne ſongèrent à s’approprier le produit d’une terre qui cependant, ſans eux, n’auroit été habitée que par des bêtes féroces. Vraiſemblablement, leurs ſucceſſeurs eurent des vues moins nobles & moins pures. Vraiſemblablement, ils cherchèrent un accroiſſement de fortune & de puiſſance, où ils ne devoient voir que la gloire du chriſtianiſme, que le bien de l’humanité. Ce fut, ſans doute, un grand crime de voler les peuples en Amérique pour acheter du crédit en Europe, & pour augmenter ſur tout le globe une influence déjà trop dangereuſe. Si quelque choſe pouvoit