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Page:Raynal - Histoire philosophique et politique des établissemens et du commerce des Européens dans les deux Indes, v4.djvu/336

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ſoupçonneuſe, paroiſſoit craindre que les républiques fondées par les Jéſuites, ne ſe détachâſſent un peu plutôt, un peu plus tard de l’empire, à l’ombre duquel elles s’étoient élevées. Leurs habitans étoient, à ſes yeux, les ſoldats les plus exercés du nouvel hémiſphère. Elle les voyoit obéiſſant par principe de religion avec l’énergie des mœurs nouvelles, & combattant avec le fanatiſme qui conduiſit tant de martyrs ſur l’échafaud, qui briſa tant de couronnes par les mains des diſciples d’Odin & de Mahomet. Mais c’étoit ſur-tout leur gouvernement qui cauſoit ſes alarmes.

Dans les inſtitutions anciennes, l’autorité civile & l’autorité religieuſe, qui partent de la même ſource & qui doivent tendre au même but, étoient réunies dans les mêmes mains, ou l’une tellement ſubordonnée à l’autre, que le peuple n’oſoit l’en séparer dans ſes idées & dans ſes craintes. Le chriſtianiſme introduiſit en Europe un autre eſprit, & forma, dès ſon origine, une rivalité ſecrète entre les deux pouvoirs, celui des armes & celui de l’opinion. Cette diſpoſition éclata, lorſque les barbares du Nord fondirent ſur