Page:Raynal - Histoire philosophique et politique des établissemens et du commerce des Européens dans les deux Indes, v4.djvu/400

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coûta à l’Eſpagne un million de ſes habitans. Des pièces authentiques, recueillies par Bleda, auteur ſage & contemporain, démontrent qu’il faut réduire ce nombre à quatre cens vingt-neuf mille trois cens quatorze. Ce n’étoit pas tout ce qui avoit échappé de Maures à l’animoſité des guerres, au fanatiſme des vainqueurs, à des émigrations quelquefois tolérées & plus ſouvent furtives. Le gouvernement retint les femmes mariées à d’anciens chrétiens, ceux dont la foi n’étoit pas ſuſpecte aux évêques, & tous les enfans au-deſſous de ſept ans.

Cependant l’état perdoit la vingtième partie de ſa population, & la partie la plus laborieuſe, comme l’ont toujours été, comme le ſeront toujours les ſectes proſcrites ou persécutées. Quelles que fuſſent les occupations de ce peuple ; que ſes bras nerveux s’exerçâſſent dans les champs, dans les ateliers, ou dans les plus vils offices de la ſocieté, il ſe fit un grand vuide dans les travaux ; il s’en fit un grand dans les tributs. Le fardeau qu’avoient porté les infidèles, fut principalement jette ſur les tiſſerands. Cette ſurcharge en fit paſſer beaucoup en Flandre, beaucoup