Page:Raynal - Histoire philosophique et politique des établissemens et du commerce des Européens dans les deux Indes, v4.djvu/41

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écrasoient, le bruit & l’effet du canon & de la mousqueterie qui les terrassoient comme la foudre. Ces malheureux prirent la fuite avec tant de précipitation, qu’ils tomboient les uns sur les autres. On en fit un carnage affreux. Pizarre lui-même s’avança vers l’empereur, fit tuer par son infanterie tout ce qui entouroit le trône, fit le monarque prisonnier, & poursuivit le reste de la journée ce qui avoit échappé au glaive de ses soldats. Une foule de princes, les ministres, la fleur de la noblesse, tout ce qui composoit la cour d’Atabaliba, fut égorgé. On ne fit point grâce à la foule de femmes, de vieillards, d’enfans, qui étoient venus des environs pour voir leur maître. Tant que ce carnage dura, Vincent ne cessa d’animer les assassins fatigués de tuer, les exhortant à se servir, non du tranchant, mais de la pointe de leurs épées, pour faire des blessures plus profondes. Au retour de cette infâme boucherie, les Espagnols passèrent la nuit à s’enivrer, à danser, à se livrer à tous les excès de la débauche.

Quoique étroitement gardé, l’empereur ne tarda pas à démêler la passion extrême de ses ennemis pour l’or. Cette découverte le