Page:Raynal - Histoire philosophique et politique des établissemens et du commerce des Européens dans les deux Indes, v4.djvu/427

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clergé qui énerve & dévore également l’état. Il faut qu’elle renvoie aux arts les deux tiers de ſes ſoldats, que l’amitié de la France & la foibleſſe du Portugal lui rendent inutiles. Il faut qu’elle s’occupe du ſoulagement des peuples, auſſi-tôt que les poſſeſſions de l’ancien & du Nouveau-Monde auront été tirées du cahos où deux ſiècles d’inertie, d’ignorance & de tyrannie les avoient plongées. Il faut, avant tout, qu’elle aboliſſe l’infâme tribunal de l’inquiſition.

La ſuperſtition, quelle qu’en ſoit la cauſe, eſt répandue chez tous les peuples ſauvages, ou policés. Elle eſt née ſans doute de la crainte du mal, & de l’ignorance de ſes cauſes, & de ſes remèdes. C’en eſt aſſez du moins pour l’enraciner dans l’eſprit de tous les hommes. Les fléaux de la nature, les contagions, les maladies, les accidens imprévus, les phénomènes deſtructeurs, toutes les cauſes cachées de la douleur & de la mort, ſont ſi univerſelles ſur la terre, qu’il ſeroit bien étonnant que l’homme n’en eût pas été, dans tous les tems & dans tous les pays, vivement affecté.

Mais cette crainte naturelle aura toujours