Page:Raynal - Histoire philosophique et politique des établissemens et du commerce des Européens dans les deux Indes, v4.djvu/429

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préſenter malheureuſement à des eſprits incapables de le bien entendre. Ils ne le reçurent qu’avec cet appareil merveilleux, dont l’ignorance eſt toujours avide. L’intérêt le chargea, le défigura de plus en plus, & fit imaginer chaque jour des dogmes & des prodiges d’autant plus révérés qu’ils étoient moins croyables. Les peuples occupés durant douze ſiècles à ſe partager, à ſe diſputer les provinces de la monarchie univerſelle, qu’une ſeule nation avoit formée en moins de deux cens ans, admirent ſans examen toutes les erreurs que les prêtres, après bien des chicanes, étoient convenus entre eux d’enſeigner à la multitude. Mais le clergé, trop nombreux pour s’accorder, avoit entretenu dans ſon ſein un germe de diviſion, qui devoit, tôt ou tard, ſe communiquer au peuple. Le moment vint où l’eſprit d’ambition & de cupidité qui dévoroit toute l’égliſe, heurta avec beaucoup d’éclat & d’animoſité, un grand nombre de ſuperſtitions le plus généralement reçues.

Comme c’étoit l’habitude qui avoit fait adopter les puérilités dont on s’étoit laiſſé bercer, & qu’on n’y étoit attaché ni par